Samedi 23 et dimanche 24 mars (à 19h30), la compagnie ntS’ revient sur scène avec un nouveau projet site spécifique : Tableau de Mariage, écrit par Elvira Buonocore et dirigé par Mario Gelardi, avec Francesca Cercola, Anna De Stefano, Carlo Di Maro, Gaetano Migliaccio, Gianluigi Montagnaro, Giovanna Sannino, Chiara Vitiello.
Dans ce nouveau projet, conçu pour le merveilleux cour de cérémonie de l’Hotel Palazzo Caracciolo, Gelardi met en scène un long, interminable apéritif de bienvenue, en attendant qu’un couple de mariés revienne du classique service photographique. Pendant l’attente de l’arrivée des jeunes mariés, l’hypocrisie des relations et la nécessité toute bourgeoise de sauver les apparences, en respectant les rôles imposés justement par la solide hiérarchie du Tableau de Mariage, émergent. Curieusement, un fait domine la scène : les invités ont moins de 35 ans. Le travail théâtral bénéficie de la musique exécutée en direct par Carlo Vannini ; les costumes sont l’œuvre d’Antonietta Rendina ; lumières et son par Alessandro Messina.
Le projet est réalisé avec le soutien du MiC et de la SIAE dans le cadre du programme « Pour Qui Crée ». Un mariage. L’atmosphère cérémoniale, le mauvais goût, l’anxiété de l’imprévu. L’attente infinie des mariés, figures mystérieuses perdues dans les méandres du shooting de couple. Chaque moment est rythmé par la liturgie du sens commun, chaque détail, établi par un wedding planner qualifié.
Tout semble parfaitement ordinaire, si ce n’était pour un fait démographique qui domine l’écriture : « Partant d’un postulat réel, tel que la nécessité de faire appel à des acteurs en dessous de cette terrible limite des 35 ans – explique l’initiateur du projet Mario Gelardi –, Tableau de Mariage transforme la contrainte démographique en une prémisse dramaturgique : la société ici décrite rejette les vieux. Les considère inaptes, esthétiquement inadéquats et inadaptés à alimenter la machine productive internationale. Pour cela, elle les éloigne. Les met à la marge. Les exclut. Un mariage jeune, alors. Une fête pleine de vigueur. Mais la jeunesse est une condition variable et ce qui la détermine n’a pas de valeur absolue. Surtout dans ce cas, où l’on vieillit très tôt. Les 35 ans représentent le vide dans notre pays ».
« Une dimension de flou non reconnue dans laquelle on est trop adulte pour être jeune mais pas assez mûr pour que le monde reconnaisse et donc accepte la prétention à des confirmations et des privilèges que, seul celui qui a l’âge de se dire arrivé, peut se permettre » Et donc que font les jeunes à la marge ? Comment participent-ils à la fête ? Et que se passe-t-il quand quelqu’un fête son anniversaire ? Le cadre matrimonial est un dispositif parfait pour le développement d’une narration. Pour supposer une révolution.
« Après la fermeture du Nouveau Théâtre Sanità – continue Gelardi –, notre compagnie a eu besoin de repenser les projets au-delà de l’espace théâtral. Il nous a semblé naturel de partir d’un parcours que nous expérimentions depuis longtemps : celui du théâtre hors du théâtre. Ainsi après Do not disturb et Tur de Vasc arrive Tableau de Mariage. L’idée est celle de creuser dans les plis de l’hypocrisie humaine, en partant de certains rites de passage de notre société : nous l’avions déjà fait avec La troisième communion et Niente fiori ma opere di bene. À l’époque, l’église/théâtre de la petite place San Vincenzo fut une scénographie naturelle. Aujourd’hui que notre travail est constamment à la recherche d’espaces alternatifs, notre expérimentation peut aussi être plus audacieuse. Et jamais comme dans ce spectacle, le public sera dans le théâtre, aura une fonction dramaturgique. Il fera partie de la scène, en somme participera de manière réelle à un véritable banquet théâtral ».